Les Aveux étudiés

"J'ai fait la rencontre de France en 1920 chez un ami américain, Edward
Wassermann, qui était venu en Europe pendant la guerre, et pour lequel France
s'était pris d'une affection paternelle. France n'était plus guère ingambe à
cette époque et les traits de son visage avaient même, par moments, une
immobilité extraordinairement disgracieuse ; mais, dès qu'il parlait, il était
ressuscité par des regards clairs et vifs, par des mouvements de main très
poétiques. Il y avait aussi, dans cette physionomie, comme des coulées de
bonté, puis soudain cette douceur de vieux berger faisait place à mie
expression dure, colère, méprisante. J'ai rarement vu, sur un visage, des
changements aussi brusques, un paysage d'amour universel se transformer ainsi
en un désert hostile, un largo mourir sur un accord aussi brutal."