Servius et la fortune
1 autre image
EAN13
9782072072000
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
Les mythes romains
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Servius et la fortune

Gallimard

Les mythes romains

Indisponible
L'"histoire" primitive de Rome enregistre moins le souvenir de faits, en tous
cas très déformés, qu'une mythologie politico-religieuse plus ancienne que
Rome et qui, par un processus bien connu, s'est rajeunie, localisée,
historicisée, sans perdre sa signification. C'est ainsi que chacun des
principaux rois figure, dans sa personne, dans sa geste et dans son œuvre, un
des mécanismes ou concepts essentiels de la société et du monde tels que les
Romains les imaginaient : souveraineté terrible, créatrice, juvénile et
chargée de magie avec le roi Luperque Romulus ; souveraineté organisatrice,
réglée, de "senior" sinon sénile, et fondée sur le droit, avec le roi-prêtre
Numa ; "imperium" militaire, humainement héroïque, avec Tullus Hostilius. Et
c'est encore une autre forme de royauté qu'exprime le personnage de Servius
Tullius, modèle traditionnel du "candidat", dévot et favori de la déesse
Fortuna, esclave devenu roi par ses mérites soigneusement accumulés et
valorisés, puis, une fois roi, instituteur du "census", c'est-à-dire du
mécanisme par lequel, périodiquement, la situation de chaque citoyen est elle
aussi appréciée, ses mérites valorisés, ses charges et ses droits précisés. La
racine même du mot "census" est indo-européenne et, dans une direction surtout
religieuse, mais non sans incidences politiques, elle joue un grand rôle dans
les représentations du monde indo-iranien ancien. De plus, aux rois tels que
Purûravas et Manu, qui représentent dans l'Inde les deux mêmes types de
royauté que Romulus et Numa à Rome, se juxtapose le roi Prthu : dans la
légende de Prthu survit la trace des anciennes élections des rois védiques ;
c'est à l'occasion de sa consécration royale et pour énoncer ses mérites que
naît fabuleusement le premier poète-panégyriste ; une fois roi, Prthu, par un
vaste système de prestations réciproques, remet en ordre hiérarchique les
hommes et généralement les êtres. L'examen parallèle des légendes de Prthu et
de Servius fait apparaître en outre des détails épiques dont la rencontre ne
peut guère être fortuite : tel le signé igné qui annonce la fortune des deux
héros, ou l'énorme vache merveilleuse que chacun d'eux utilise pour son
"service public".
S'identifier pour envoyer des commentaires.